lundi 7 avril 2008

102 - Triumvirat

C’est sur mon bureau que se trouve mon cœur, découpé en trois morceaux. Je le regarde crier.

Le premier sait qu’il doit sa vie à la science.

Composé de mille milliers d’atomes, mélange instable d’eau et de XY, il est bien le plus laid de tous.

Le second, plus petit et frêle, bat comme il peut.

Peu lui importe de comprendre son passé, il n’a pas vraiment d’explication pour cet exploit qu’est la vie :

Il ne vit que parce qu’il le doit.

Avez-vous vraiment l’impression d’avoir eu le choix de vivre ?

Ce morceau s’étrangle, se mouvant sur lui-même, la mort est à ses trousses.

Pensez-vous ? C’était un simple morceau d’homme, un bout d’homme.

Mais on ne peut retirer à une existence sa part de mystères. Alors il se complait dans sa quête sans fin, et explique son arrivée par le futur.

Et le troisième morceau ?

Inerte, il vit dans l’inactivité.

Se demander ce qu’est la vie ? Inutile.

Il aime ne pas réfléchir.

Peut-être même est-il déjà mort. Mais n’est-il pas le plus beau ?

L’innocence, l’insouciance, et la confiance de l’enfant.

L’innocence, parce qu’il ne peut se faire de mal. Il se pose une seule question : « Suis-je ? ».

L’insouciance, parce qu’il se demande sans jamais chercher la réponse : « Suis-je ? ».

La confiance, car même à l’heure de sa mort, sa quiétude sera de mise : « Suis-je ? ».

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