lundi 30 avril 2007

23. Castrations.

Je me rappelle qu'ils riaient.
Ils se tenaient là, devant moi, au-dessus de moi.
Ils étaient grands, aveugles et perdus. Notre société aurait dû leur donner la liberté plutôt que la politique de la "loi de la jungle". Ils n'avaient plus foi en l'Etat, en la société, en l'Homme. Leurs visages étaient marqués par une vie déja trop douloureuse, j'en suis bouleversé. S'ils me faisaient mal, c'était parce que c'était leur seul moyen de se prouver à eux-mêmes qu'ils étaient vivants ( parce qu'essentiellement, personne ne fait de mal par volonté, j'ose le croire ). S'ils me font mal aujourd'hui, c'est parce que eux, la majeure partie des hommes d'ailleurs, ont de la merde dans la tête. De la merde en boîte.
Je me rappelle qu'ils riaient.
Ils avaient pour seules armes de s'unir et de faire mal aux autres, de me faire mal à moi. J'avais une...

[ Malheureusement inachevé. ]

22. Echecs.

C'est une partie d'échecs,
16 pions prêts à partir.
Il joue.
Le pion avance, yeux fermés,
Le fou est mis de côté,
Le cavalier se suicide :
C'est la tour qui le guide.
Laissons entrer les Métèques,
16 pions laids à en rire.
Il joue.
Le pion attaque le premier,
Le fou est assassiné,
Le cavalier danse et lapide,
Et la tour bave rouge, humide.
Echec et Mat.

mardi 24 avril 2007

21. Le Mur - Erostrate - Sartre.

« Monsieur,

« Vous êtes célèbre et vos ouvrages tirent à trente mille. Je vais vous dire pourquoi - c'est que vous aimez les hommes. Vous avez l'humanisme dans le sang c'est bien de la chance. Vous vous epanouissez quand vous êtes en compagnie; dès que vous voyez un de vos semblables, sans même le connaître, vous vous sentez de la sympathie pour lui. Vous avez du goût pour son corps, pour la façon dont il est articulé, pour ses jambes qui s'ouvrent et se ferment à volonté, pour ses mains surtout : ça vous plaît qu'il ait cinq doigts à chaque main et qu'il puisse opposer le pouce aux autres doigts. Vous vous délectez, quand votre voisin prend une tasse sur la table, parce qu'il y a une manière de prendre qui est proprement humaine et que vous avez souvent décrite dans vos ouvrages, moins souple, moins rapide que celle du singe, mais, n'est-ce pas ? tellement plus intelligente. Vous aimez aussi la chair de l'homme, son allure de grand blessé en rééducation, son air de réinventer la marche à chaque pas et son fameux regard que les fauves ne peuvent supporter. Il vous a donc été facile de trouver l'accent qui convient pour parler à l'homme de lui-même; un accent pudique mais éperdu. Les gens se jettent sur vos livres avec gourmandise, ils les lisent dans un bon fauteuil, ils pensent au grand amour malheureux et discret que vous leur portez et ça les console de bien des choses, d'être laids, d'être lâches, d'être cocus, de n'avoir pas reçu d'augmentation au premier janvier. Et l'on dit volontiers de votre dernier roman : c'est une bonne action.
« Vous serez curieux de savoir, je suppose, ce que peut être un homme qui n'aime pas les hommes. Eh bien, c'est moi , et je les aime si peu que je vais tout à l'heure en tuer une demi-douzaine; peut-être vous demanderez-vous : pourquoi seulement une demi-douzaine ? Parce que mon revolver n'a que six cartouches. Voilà une monstruosité, n'est-ce pas ? Et, de plus, un acte proprement impolitique ? Mais je vous dis que je ne peux pas les aimer. Je comprends fort bien ce que vous ressentez. Mais ce qui vous attire en eux me dégoûte. J'ai vu comme vous des hommes mastiquer avec mesure en gardant loeil pertinent, en feuilletant de la main gauche une revue économique. Est-ce ma faute si je préfère assister au repas des phoques ? L'homme ne peut rien faire de son visage sans que ça tourne au jeu de physionomie. Quand il mâche en gardant la bouche close, les coins de sa bouche montent et descendent, il a l'air de passer sans relâche de la sérénité à la surprise pleurarde. Vous aimez ça, je le sais, vous appelez ça la vigilance de l'Esprit. Mais moi ça m'écoeure : je ne sais pas pourquoi; je suis né ainsi.
« S'il n'y avait entre nous qu'une différence de goût, je ne vous importunerais pas. Mais tout se passe comme si vous aviez la grâce et que je ne l'aie point. Je suis libre d'aimer ou non le homard à l'américaine, mais si je n'aime pas les hommes, Je suis un misérable et je ne puis trouver de place au soleil. Ils ont accaparé le sens de la vie. Jespère que vous comprenez ce que je veux dire. Voilà trente-trois ans que je me heurte à des portes closes au-dessus desquelles on a écrit : " Nul n'entre ici s'il n'est humaniste ". Tout ce que j'ai entrepris j'ai dû l'abandonner; il fallait choisir : ou bien c'était une tentative absurde et condamnée ou bien il fallait qu'elle tournât tôt ou tard à leur profit. Les pensées que je ne leur destinais pas expressément, je n'arrivais pas à les détacher de moi, à les formuler : elles demeuraient en moi comme de légers niouvements organiques. Les outils mêmes dont je me servais, je sentais qu'ils étaient à eux; les mots par exemple : j'aurais voulu des mots à moi. Mais ceux dont je dispose ont traîné dans je ne sais combien de consciences; ils s'arrangent tout seuls dans ma tête en vertu d'habitudes qu'ils ont prises chez les autres et ça n'est pas sans répugnance que le les utilise en vous écrivant. Mais c'est pour la dernière fois. Je vous le dis : il faut aimer les hommes ou bien c'est tout juste s'ils vous permettent de bricoler. Eh bien, moi, je ne veux pas bricoler. Je vais prendre, tout à l'heure, mon revolver, je descendrai dans la rue et le verrai si l'on peut réussir quelque chose contre eux. Adieu, monsieur, peut-être est-ce vous que je vais rencontrer. Vous ne saurez jamais alors avec quel plaisir je vous ferai sauter la cervelle. Sinon - et c'est le cas le plus probable - lisez les journaux de demain. Vous y verrez qu'un individu nommé Paul Hilbert a descendu, dans une crise de fureur, cinq passants sur le boulevard Edgar-Quinet. Vous savez mieux que personne ce que vaut la prose des grands quotidiens. Vous comprendrez donc que je ne suis pas " furieux ". Je suis très calme au contraire et je vous prie d'accepter, Monsieur, l'assurance de mes sentiments distingués.


« Paul HILBERT. »

20. Sauve le Monde.

J'espère vraiment que mes écrits resteront fidèles à mes convictions.

vendredi 20 avril 2007

19. L'Homme.

C'est une énigme.

lundi 16 avril 2007

18. Nouveau Testament [ Encore un ? ].

L'écriture pour religion,
Un stylo pour prêtre,
Des livres pour apôtres,
Mon esprit pour église,
Mon âme pour Dieu,
Mon cerveau pour Diable,
Ma vie pour épopée,
Mes actes pour pêchés,
Et les autres sont tentations.

17. Métamorphose.

Mélodie,... Je te vois dans le noir. Quand je souris je ne pense plus qu'à toi. Tu est cette musique enivrante qui me bouleverse la nuit, cette onde de bonheur qui me redresse de mon lit, cette lueur inattendue qu'on n'ose plus voir. Mélodie, tu es tout ce sur quoi mes rêves sont basés, un tintamarre ordonné, le chaos de mon esprit décontenancé. Bouleverse mon âme, Ô bruit délicat, tu m'emmènes chaque soir dans un paradis perdu, celui où je suis seul. Mon monde parallèle, mes couleurs, mes bruits, mes mélodies, mes sentiments, je suis schyzophrène. Ton son est mon moteur, les sensations à ton écoute qui me font frémir sont mes ailes, et moi, je ne suis pas qu'un simple touriste. J'observe, je vois, j'admire, je sens, je flaire, je bois, je m'enivre, j'en pleure, j'en ris; et puis je dessine, je participe à mettre en beauté cet artifice, je colorie, j'harmonise, je peinds et re-peinds ton sourire, j'écris ton nom, je fabrique de mes yeux des montagnes de liberté, ma seule peine est que je ne sois toujours pas un adepte de l'escalade. Je glisse malgré moi. Seul subsiste à mes yeux mon souvenir de toi, et contre toute attente, ma glissade n'a plus lieu d'être ainsi nommée.

16. Crise d'identité.

Garde pour moi tout ton esprit rêveur, garde pour mes yeux ton doux malheur,
N'oublie pas, face à la beauté, de sourire, et de toujours te battre contre le pire.
S'il te plaît, prie pour nous, nous saurons un jour ce qui, au fond de nous, bout,
Ce qui, compressé, ne cherche qu'à exploser, et que nous, corrompus, tuons, effrayés.