lundi 12 mai 2008

104. Boulimie de douleur.

Le violon se mit à trembler quand il me vit approcher.

Les bras tendus, je croyais réussir à dompter la bête.

Mon amie, ce doux son ne pourra jamais jaillir de mes mains.

J’aurais pourtant aimé pouvoir jouer à en enivrer toutes les personnes aspirant à la joie et au bonheur.

Ne serait-ce pas merveilleux si je réussissais à faire de vous un orchestre ?

Le violon tomba à terre sans que je le touche.

Il émit un cri, et du fond du cœur, mon amie, je comprenais.

Je n’avais pas prit le temps de dompter l’animal.

J’étais à genoux et, les yeux au bord des larmes, je m’allongeais sur le doux bois verni qui sert de carapace au son du violon.

N’avez-vous jamais voulu voir à quoi ressemble le son du violon ? Être réduit à la taille d’une fourmi, et passer par l’un des trous et entrer dans un monde sûrement merveilleux. Un ouragan de fraîcheur, des notes de musique à droite et à gauche s’agrippant aux oreilles et les mordillant jusqu’à ce que l’on en ait mal, mais mal au cœur, mal à l’âme ?

Cet instrument magique a le don de vous poignarder de l’intérieur. D’avoir mal là où ca fait mal.

Je caressais alors les cordes avec délicatesse, et en ressentais un plaisir énorme.

Instinctivement, je glissais quelques doigts dans l’un de ces deux trous, et je sentais comme une immense puissance m’envahir. La mort de l’âme.

Morphine de la niaiserie, le violon vous attire.

Et je dormais, pénétrant l’entement l’engin. Et je rêvais, un sourire révélant que la femme était comblée, mon amie.