dimanche 20 janvier 2008

47. ART HOLE.

Comme chaque soir, ce bâtonnet d’encens enivrera mes sens.

Tout d’abord, il faut qu’une allumette se charge de lui donner vie. Alors la poudre s’embrase, et une petite flamme dorée crépite devant mes yeux comme pour me rappeler que la beauté peut être immense dans quelque chose de si petit : j’en suis jaloux.

Je viens faire violence au feu en soufflant sur lui, et après s’être courbée dans tous les sens pour échapper à ma volonté, la flamme laisse place à un bâton qui prend maintenant toute sa couleur. Un nuage de fumée se fraye un chemin jusqu’à mes narines, et c’est avec une petite grimace que j’accepte d’être plus patient.

Le bout du bâtonnet, maintenant consumé, ne tient plus debout, et se laisse désormais tomber, la beauté à un prix. Soit cette cendre tombe à terre, ou soit elle s’enroule, tenant à sa racine comme à sa vie, pourtant partie en fumée.

J’attends que le bâtonnet soit entièrement avalé pour enfin m’oser à juger le travail de l’homme en pleine harmonie avec la nature.
La lueur rouge disparaît dans un dernier souffle. Les ravages laissés par cette guerre sont d’une perfection rare : la cendre git sur la tablette et l’on peut y voir marqué à l’encre invisible : « FIN ».

Je me concentre alors, puis sans élan, je prends une énorme bouffée d’air en relâchant tous les membres de mon corps.

« Framboise », dites-vous ?

J’y ai vu la beauté même, et n’ai senti rien de moins que de la mélancolie.

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