mercredi 7 mars 2007

8. Correspondance de Chitzu à Chitzu.

Un soir sur la jetée, la journée dans l'ascensceur. La descente se ferait longue, et pourtant pour moi tu n'as pas d'issue. Je lui demande parfois quelle est la raison de ce temps plein de bien-être, et finalement, elle me répond que je ne suis que l'inverse de son opposé. Malheur. Je prends mon violon, et m'en vais. Ce soir sur Adagio c'est la fête, et pourtant je n'y trouve pas de quoi danser. Qu'est-ce qu'une vie sans danse ? Je m'allonge sur le chemin, et telle une branche au long de la rivière je me laisse couler le long du flot naturel de la vie... Un soir, ce parcours s'arrêta. Je me retournais, et derrière, ma ville était réduite en cendres. A mes yeux, ce n'étaient que des cendres humaines, des soirs perdus, des jours en moins, m'en éloignant, cette ville n'avait plus lieu de vivre pour moi. Quand je me relevais, devant moi Hannah ouvrait ses yeux. Elle était belle, jeune, un corps sévère mais juste, proportionné à la taille de mes yeux. Si j'écris cette fois, c'est pour ne pas oublier ce que je viens de voir. Hannah sauta dans mes bras, je l'embrassais comme si je ne l'avais jamais touchée. Pourtant, Hannah, je la connaissais, elle me bordait chaque soir à Adagio, et me caressait chaque matin comme une mère le fait à son fils quand il souffre. Elle se détacha de moi, et pendant quelques secondes, rien ne se passa. Puis la neige se mit à tomber. Une neige grise, poudreuse... Quand j'ouvrais la bouche pour l'avaler, rien ne pénétra. Il me suffit d'un instant pour me retourner, et voir Adagio en feu. Hannah me prit par la taille et commença à me baiser la nuque. Je sentais qu'elle partait. Avant de partir, elle me donna là une clef. Elle était petite, noire, dorée et verte à la fois. Je la mis dans la poche gauche de ma chemise, puis je la laissais tomber.
A bientôt..., me murmura-t-elle... Le lendemain, la fête à Vaite battait son plein. Je me mis à jouer du violon sur le corps d'Hannah. Hannah aimait le violon, et j'aimais Hannah. Le soir suivant, je dormis sur son corps, et ainsi finirait ma vie...

Et le remède est entre mes mains.
Il m'a fallu du temps pour comprendre que je n'étais pas seul.
Chitzu, chaque soir.